D\'un tour de roue

Mercredi  12 Décembre : Siem Reap – Kampong Kdei (62km)

Réveil retarde d’une heure après la soirée d’hier. On s’offre une chocolatine et un pain aux raisins dignes d’un petit-déjeuner de dimanche (ou presque).

La route ce matin est bruyante. Les Cambodgiens sont en effet champions du monde de klaxon. Le titre ne sera surement pas ravi de sitot.

Après-midi classique dans la campagne Khmere : attelages de bœufs, batteuses pour séparer les grains de riz,  tas de foin de plusieurs mètres de haut,  maisons sur pilotis et gamins qui nous crient "Hello".

A l’entrée de Kampong Kdei, on s'arrete dans un temple et tente d’expliquer a un moine nos intentions pour ce soir : dormir la si possible. Mais il ne comprend pas et notre mini dictionnaire de conversation n’aide en rien. Le concept même de camping ne doit pas exister dans ce pays inondé 12 mois par an, alors difficile de le traduire. Il préfère nous faire la visite de son temple et nous montrer un grand bassin actuellement en construction. On repose notre question à un groupe de vieillards qui semblent vivre dans la pagode. Une des femmes veut nous aider et nous demande de la suivre. Elle parle d’abord avec le moine et on pense comprendre de leur conversation qu’on ne peut pas dormir ici mais qu’un autre temple de la ville peut nous accueillir. On la suit dans cette direction mais elle s’arrête à la troisième maison a la sortie du temple. Elle explique notre problème à une puis deux femmes. Un flic puis des ados nous rejoignent. Ils ne semblent pas vraiment préoccupes par notre situation. Le soleil approche l’horizon, le ciel se teinte d’orange quand une des ados revient avec un homme parlant trois mots d’anglais. Il nous parle de guesthouse, de temple, nous pose quatre fois la même question mais rien ni personne ne bouge. On part en les remerciant, fatigues d’attendre et de ne rien comprendre. On trouvera une guesthouse pas trop chère mais pas très clean, juste à cote de deux groupes électrogènes qui fonctionneront toute la nuit. On aurait préféré le calme à l’électricité, mais ce ne sera pas possible ce soir.

Jeudi 13 Décembre : Kampong Kdei – Prey Pras (65km)

La campagne cambodgienne n’a pas change depuis hier. Vus aujourd’hui : des buffles qui se baignent dans les marais.

Le soir on retente notre chance dans un monastère. Banco ! Il est couple à un orphelinat, il y a donc plein de gosses partout, pour changer. On nous prête un lit dans une salle de classe – dortoir : une armature en bois recouverte d’une natte protégée par une moustiquaire. On n’est pas douillets mais on a perdu l’habitude de dormir sur des tapis. La douche se fait en plein air avec de grandes casseroles d’eau troube tirees du puits. Quelques gamins sont intrigues par notre réchaud à bois jusqu'à ce qu’ils comprennent son utilité, rien de bien palpitant pour eux.

On s’endort avant que notre voisin éteigne sa lampe à huile et son autoradio à piles, le groupe électrogène est en panne.

Vendredi 14 Décembre : Prey Pras – Kampong Thnor (62km)

Petit dejeuner au mini marche du village (une femme fait des gauffres sur un rechaud a bois !!) avant une journee sans histoire. La route est monotone et le goudron pas au mieux de sa forme.

En fin d’apres midi on trouve a se loger au temple. On devient un peu l’attraction pendant le montage de la tente. 15 gamins nous observent dans notre dos et un moine nous prend en photo avec son telephone. A la nuit tombee les moines viennent brievement discuter avec nous, puis un sujet plus interessant les arrete. Un d’eux vient de s’acheter un nouveau telephone. On a l’impression d’etre dans un autre monde des fois, ou qu'il ne tourne pas rond.

Samedi 15 Décembre : Kampong Thnor – avant Batheay (81km)

On prend le petit dejeuner en compagnie d’un professeur qui nous raconte les malheurs de la societe cambodgienne actuelle. L’education n’est pas du tout une priorite. En tant que professeur il gagne 80$ par mois et doit avoir un autre emploi pour vivre. Les elus, corrompus ne se preoccupent pas de l’avenir du pays. Les richesses du pays sont largement gaspillees et vendues au plus offrant (parc naturel tranforme en mega complexe hotelier, forets detruites pour alimenter les industries chinoises, pollution massive de l’environnement etc.).

Pour echapper a la route qui devient penible on bifurque vers une route secondaire. Calme plat et campagne profonde, le changement est radical. Des gamins tous nus nous regardent du pas de leur porte et les boeufs remplacent les chevaux des moteurs.

On s’arrete dans un nieme petit marche pour manger. On a la chance de deguster de petits bols de  boules gluantes fourrees a quelque chose nappees de sauce indefinissable. Les puits du bord de route servent indifferemment a la douche de mamie ou a laver la viande d’une cuisiniere.

La route bien que calme est en assez mauvais etat et on n’est pas faches de la quitter pour une belle nationale bien lisse.

On n’est pas vraiment confiants en explorant un verger dans l’espoir de camper. Va t’on peter ou pas ? La est toute la question. Le pays est encore fortement mine et on ne tente pas notre chance en dehors du chemin. On se trouve un nouveau temple apres 10 minutes sur une piste et la traversee d’un petit village isole. On s’installe un peu a l’ecart sous les regards curieux d’un groupe d’enfants, de quatre vaches et d’un berger. Le moine nous dit bien de nous installer dans un des batiments mais tout est deja installe et on reste sur place.

Dimanche 16 Décembre : avant Batheay – Phnom Penh (77km)

Au milieu de la nuit, Pauline me reveille, quelque chose lui a touche la jambe. On cherche un moment si il n’y a pas une araignee ou un petit lezard dans la tente mais on trouve a la place une longue coupure bien nette dans la toile. Ca ce n’est surement pas un animal. On verifie que tout est bien la, l’argent, l’appareil photo, les chaussures, rien ne manque. Arsene Lupin a frappe, effraction mais pas de vol. On se demande encore ce qu’il cherchait. Dehors il n’y a evidemment plus personne. Le faisceau de la frontale n’eclaire que des plantes a l’air menacant et les inquietants batiments du temple. On attend une heure encore, le sommeil est bien parti pour de bon et le soleil n’est pas encore la. On imagine le visage du criminel, le moine ? le berger ? un des enfants ? on ne saura jamais. Aux premieres lueurs du jour on plie tout et on grimpe sur le velo pour echapper a ce sale endroit.

Aujourd’hui c’est l’arrivee dans la capitale, Phnom Penh, qui est prevue. Ils nous ont meme deroule le tapis rouge, rouge terre, rouge poussiere.

50km de travaux plus tard sur une route devenue piste, l’asphalte refait une timide apparition. Un grand merci a Monsieur Macadam pour cette belle invention.

Par contre la circulation devient vraiment cahotique. Sur le pont qui enjambe le Tonle Sap les trottoirs sont utilises par les mobylettes et meme les moto remorques. On est bien contents d’avoir notre superbe ecarteur de danger made in Turquie. Son utilite est double : garantir notre securite face aux mauvais conducteurs et nous offrir le plaisir sadique de bien les emmerder.

En entrant dans la capitale un drole de motard nous suit un moment. Equipe d’une grande cape a fleurs, et trainant derriere lui un fagot de plantes de 2 m de long, il dit enseigner le francais, l’anglais, le thailandais, le chinois et le vietnamien, c’est SUPER PROFESSOR.

On finit par trouver le quartier du marche Russe ou on trouvera un hotel correct pour notre sejour dans la capitale.

Les parents de Pauline nous rejoignent pour les fetes de fin d’annee et on part vers la cote sud du pays pour une semaine de vacances avant la suite de notre periple.

Plus de photos sur : Cambodge

On en profite pour vous souhaiter a tous un joyeux Noel et de tres bonnes fetes de fin d’annee. En esperant que 2013 vous approche de vos reves.