D\'un tour de roue

Jeudi 5 juillet : Erzurum - Horasan (92km)

On reprend la route ce matin bien motives apres notre longue pause a Erzurum.
La route suit le cours d'une riviere vers l'aval et on avance vite. On imagine meme battre notre propre record du monde de distance en un jour.
Ca continue comme ca jusqu'a l'entree de Horasan ou on doit faire un arret technique pour cause de crevaison.
Puis on bifurque vers Agri et la route commence a grimper gentiment.
Une camionnette est arretee sur le bord de la route et son chauffeur, dans le pre a cote, nous fait signe de venir le voir. Il insiste tellement pour qu'on mette le velo dans la malle et aille chez lui qu'on refuse. Ca semble louche.
On demande juste apres a deux jeunes qui nous ont fait coucou si on peut camper chez eux. Pas de probleme ! Tant pis pour le nouveau record de distance.
On boit du the et discute avec les deux jeunes fermiers et leur mere, quand ils ne sont pas occupes par leur centaine de vaches a lait. La jeune fille qui s'occupe de la maison et s'afaire a la cuisine est la femme de l'aine et la mere du petit garcon qui fait des betises dans la cour.
Le pere arrive ensuite et nous sommes les deux seuls a manger a sa table.
On finit la soiree entre jeunes, deux amis nous ayant rejoint.


Vendredi 6 juillet : Horasan - Eleskirt (52km)

Ce matin c'est entre hommes qu'on prend le petit dejeuner. La mere, assise a deux metres de la table, nous sert du the des qu'on tend notre tasse. En tant qu'invitee, les hommes me font l'honneur de m'accepter pour ce repas.
On commence la journee alors qu'il fait deja chaud.
Un peu plus loin deux gendarmes nous demandent de nous arreter. Ils veulent voir nos passeports ? Non, ils nous invitent a boire du coca dans la cour de leur gendarmerie ! Difficile de refuser...
On continue sous la chaleur et reussit a trouver de l'ombre sous quelques peupliers a cote d'un hameau kurde pour un casse croute accompagne de ayran du troupeau de moutons du village.
A peine est on reparti que deux commionneurs nous ordonnent presque de nous arreter. On gare le velo. Ils comprennent bien qu'on n'a pas faim mais ne veulent rien savoir. Ils nous invitent a manger.
L'apres-midi etant avancee, la route fond litteralement sous la chaleur. Le goudron colle a nos pneus comme du chewing-gum et les graviers du bas-cote collent aux couches de goudron. Bref nos pneux deviennent trop epais pour passer dans les garde-boues qu'on demonte.
On arrive enfin a passer le petit col qu'on grimpait depuis Horasan et descend ensuite suivant le lit d'une riviere.
On se couche alors qu'on vient de croiser deux chars et qu'on croise beaucoup plus de gendarmeries depuis Erzurum. La Turquie montre qui dirige dans cette region kurde.

Samedi 7 juillet : Eleskirt - Agri (68km)

On roule jusqu'a Agri sur une route plate, souvent en travaux, le vent de face. On s'arrete dans un parc tranquille apres avoir traverse cette ville au traffic bordelique.
Dans l'apres-midi, le ciel devient soudain menacant. On atteind juste a temps une station service pour laisser passer l'orage de grele, au sec dans le bureau-magasin, avec un the pour nous rechauffer.


Dimanche 8 juillet : Agri - Dogubayazit (72km)

Ce matin, le vent de face nous fait regretter la pluie. On accepte volontiers la proposition du paysan qui fauche le talus pour boire un the. Les paysans qui travaillent dans le champ de l'autre cote de la route nous invitent a leur tour pour le pique nique.
Dans l'apres-midi, on apercoit le Mont Ararat, culminant a 5300m, couvert de neige. On l'admire jusqu'a arriver a Dogubeyazit, la derniere ville turque (mais kurde) avant la frontiere iranienne.
On mange dans une lokanta une dernier adana kebab et des baklavas a la pistache avant d'aller se coucher dans notre chambre d'hotel minuscule.