D\'un tour de roue

Mardi 5 & Mercredi 6 Fevrier : Pakse

Les activités habituelles des moments de pause nous occupent quelques temps à Pakse (couture, lessive, lecture, réparation du matériel,  mise a jour du blog). 

Un soir, le temps d'une biere on admire le coucher de soleil du haut du toit-terrasse d’un hotel de luxe. 

Je vais aussi essayer le massage lao. La masseuse me malaxe tout le corps, les pieds, les molets, les cuisses, les bras, les mains, le dos, le crane, en utilisant parfois tout son corps pour faire prendre des positions bizarres au mien.

Le quartier des guesthouses est tout petit, les sites touristiques sont relativement loin. On croise souvent les mêmes personnes et on commence à s’ennuyer a Pakse. 

Apres avoir calcule les kilomètres qui nous separent de la frontiere chinoise, on decide de prendre un bus demain jusqu'à Savannakhet pour gagner 3 jours de velo, 250km. C’est un pays tout en long le Laos.

Jeudi 7 Février : Pakse – Seno (35km)

Devant la gare, notre bus attend ses passagers. Notre imposant vélo ne pose pas vraiment de probleme au gros baraque qui s’occupe du rangement des bagages.

A l’aide d’une échelle qui coulisse le long du bus, il le monte puis l’attache sur le toit, a cote d’une mobylette. Ici c’est comme ca, les bus voyagent avec les soutes pleines de bagages et leurs galeries sont chargées de marchandises en tout genre (bidons d’eau, sacs de charbons). Ce moment rigolo nous fait un peu oublier notre regret d’avoir pris ce bus, et acheté les billets un peu vite. On s'est en effet rendu compte juste apres que le fait de prendre le bus nous ferait arriver a Vientiane la semaine du nouvel an chinois. Et l'ambassade de Chine est donc fermee, ce qui nous fait perdre l'avance gagnee par le bus.

Sur la route principale, en bon etat, le bus fait du 50km/h de moyenne. Il s’arrete toutes les heures dans les villes traversees. C’est l’occasion de faire une pause pour le chauffeur et l’equipage, mais la majorite des passagers restent assis. Pas besoin de descendre, des dizaines de femmes entrent dans le bus et se pressent dans l’allée centrale, proposant des bouteilles d’eau, des brochettes, du riz, des nouilles, tout ce qu’il faut pour manger.

On arrive a Savannakhet en milieu de journée sous une chaleur de plomb. Le velo descendu de la galerie, on l’enfourche et prend la direction du Nord.

Sur la route, on croise trois cyclotouristes qui voyagent en Asie du Sud-Est. On a peut-etre croise autant de cyclo au Laos que depuis notre depart. C’est vrai que ce pays a des routes pas trop mauvaises, très peu de circulation, des beaux paysages, les Laos sont tres gentils et aiment bien utiliser leurs trois mots d’anglais des qu’ils le peuvent. On se sent bien dans ce pays ou les gens prennent le temps de vivre.

Juste apres, on croise Masa, le marcheur japonais deja rencontre a Nha Trang. Comment a-t’il fait pour parcourir 1000 km en 20 jours, autant que nous ? Son voyage nous laisse admiratifs.

Apres Seno, on trouve un coin pour camper au milieu d’arbres épars, a quelques dizaines de mètres de la route.

Vendredi 8 Février : Seno – Thakek (96km)

Ce matin on est reveilles par les cloches, pas celles de l'eglise mais celle du troupeau de vaches qui passe non loin de notre tente. 

La journee se passe sans incident. La route numero 13 a beau etre la principale artere du pays on y croise plus de vaches que de camions. Sur les bords de la route les gamins nous crient des Sabaidee (bonjour en Lao) a tout va. Trois d'entre eux sont perches dans un arbre, ils nous font penser a des moineaux avec leurs petites voix aigues. 

La route est bonne aujourd'hui et il ne nous faut pas trop forcer pour atteindre Thakek.

Samedi 9 Fevrier : Thakek – Lac Kong Leng (61km)

Comme le temps ne nous manque pas on decide de faire un petit ecart pour aller visiter une riviere souterraine a 20km de la route principale. Apres avoir avale un litre de soupe de nouilles (l'aliment principal des Lao) on enfourche la Harley. 

Pour acheter quelques legumes on s'arrete a un tout petit marche au bord de la route. Les produits proposes sont plutot bizzares. A cote des classiques fruits et legumes, 1 ecureuil, 2 pies et une quinzaine de toutes petites chauves souris. On se demande vraiment ce qu'il y a a manger dans ces bestioles la.

Un peu plus tard on rencontre Martine et Andre, un tres sympatique couple d'Aveyronais qui se promene a mobylette. On se rend compte grace a eux que la riviere qu'on pensait aller voir est a plus de 100km d'ici. C'est un lac qui se trouve a l'endroit ou on pensait aller. Du coup on ira voir un lac aujourd'hui. Quelques kilometres plus loin une piste part tout droit dans le neant. Au bout de dix minutes on tombe sur une carriere, on a du rater une bifurcation. Demi tour et premiere a gauche, on arrive a un premier village. Les gamins nous poursuivent un moment en hurlant. En bas d'un petit col on mange nos dernieres nouilles, esperant trouver a manger de l'autre cote. 

La piste gravee se transforme en un tas de pierres recouvert de 10 cm de sable tres fin a mesure que la pente augmente. On est bien vite contraints de descendre pour pousser. On derape dans la poussiere en maudissant un peu tout le monde. Heureusement que le passage est assez court, de l'autre cote ce n'est guere mieux mais au moins ca descend. Le paysage de cette vallee est vraiment beau. Le fond est recouvert de rizieres seches, une riviere bordee d'arbres bien touffus et au loin des falaises d'un noir volcanique. On est vraiment loin de tout ici. 

Apres une heure on finit par arriver au minuscule lac a la couleur bleue nucleaire plutot surprenante. On en profite pour se baigner et on y remplit meme nos bouteilles. Il ne nous reste plus qu'a faire demi tour, c'est un cul de sac.

Apres quelques courses a l'unique superette du village, on se trouve un coin pour camper dans une riziere abandonnee. Au milieu de la nuit un faisceau de lampe braque sur la tente nous reveille, des gens approchent. On entend le premier demander Falang ? et l'autre repondre : Falang. Ca veut dire un blanc en Lao. Il y avait aussi plein d'autres mots mais on ne les connait pas. Les gens passent devant la tente et continuent comme si de rien etait. Un peu plus tard dans la nuit, leur lampe nous reveille une nouvelle fois quand ils passent dans l'autre sens. Ils sont vraiment pas embettant dans ce pays.

Dimanche 10 Fevrier : Lac Kong Leng – Laokha (65km)

Reveil au lever du soleil, pour repartir sur la piste d'hier. On croise des gamins avec des lances pierres et des arbalettes. Ca doit etre des chasseurs de pies et d'ecureuils. Le col nous donne une belle suee mais se revele moins terrible qu'hier. En rattrapant la route on croise un groupe d'enfants qui joue aux indiens, epees en bois et couronnes en herbes et fleurs. Les jeux videos n'ont pas encore atteint cet endroit.

A midi apres nos nouilles (oui encore des nouilles), on s'attaque a la reparation de notre tente. On recoud le sol et s'attaque a la reparation de la fermeture. Ca nous prendra trois jours. On est interrompus par deux cyclistes, une allemande et un australien qui viennent du nord. Ils nous parlent de leur experience en Chine, ca nous donne encore plus envie d'y aller. On finit par se rendre compte que le temps passe et on reprend la route.

On campe non loin de la route sous les yeux curieux d'une vache. C'est la saison seche depuis decembre, les champs sont rarement inondes et les moustiques sont rares. Les coins pour planter notre tente sont nombreux. Bref au Laos on a repris le gout du bivouac.

Lundi 11 Fevrier : Laokha – Pakkading (73km)

Encore une journee sans histoire particuliere mais agreable. Les kilometres passent. On croise les collegiens qui sortent de l'ecole bien a l'abri sous leur parapluie. Le soleil est fort sous les tropiques.

On s'arrete le soir a Pakkading pour une pause lessive douche et grillades.