D\'un tour de roue

D\'un tour de roue

Histoire d'eaux : 25 - 29 Mai (330km)

Samedi 25 Mai : Hamaoke - Inasa (66km)

 

La piste cyclable longe la cote et, malgre le vent, c'est vraiment agreable. Elle passe entre les dunes et les forets de pins. On se croirait presque rentres dans le sud ouest. Les surfeurs sont juste un peu plus brides, sinon tout est pareil.

 

Nous entrons en fin de matinee a Hamamatsu. Apres quelques courses et une recherche d'internet qui echoue, il est deja 15h. L'heure de repartir. Nous avons rendez-vous dans la banlieue de Nagoya lundi avec Laurent, un artisan qui fabrique des sacs a dos de randonnee. Il ne faut donc pas chomer.

 

Pour eviter les grandes villes, pas d'autre choix que les montagnes. La route grimpe doucement et nous trouvons facilement un coin pour camper sur des petites terrasses en friche.

Nous avons recupere des canettes de cafe dans la poubelle d'un distributeur de boissons car ce soir c'est atelier bricolage. Nous reparons notre rechaud a bois qui commence a flancher un peu, trois nouveaux supports feront l'affaire pour l'instant. Nous nous bricolons egalement un petit rechaud a alcool qui marche vraiment pas mal.

 

 

Dimanche 26 Mai : Inasa - Toyota (86km)

 

Un petit crabe s'enfuit quand nous sortons de la tente ce matin, nous n'avions pas reve. Il y a des crabes dans les montagnes japonaises.

 

 

Comme c'est dimanche et que nous sommes en montagne, nous avons le droit au traditionnel defile de motards en grosses cylindrees.

Apres un col plutot gentil, nous longeons une riviere tranquille sur une route presque vide. Comme il fait beau et que ca grimpe, nous n'hesitons pas a refroidir un peu les machines avec un plouf dans la riviere. Quelques instants plus tard, une voiture avec un girophare se gare a cote de notre velo. Juste le temps de se rhabiller, un flic se pointe, tres gentil, et nous demande dans un japonais tres poli : "vos papiers s'il vous plait". Premier controle d'identite du voyage, au bord d'une riviere deserte en plein milieu de nulle part dans un pays ou la criminalite est presque nulle, la vie est etrange parfois.

 

En debut d'apres midi, nous arrivons au col, puis, apres une longue descente, a Asuke. Nous n'y trouvons ni telephone, ni supermarche ni la petite route que nous esperions suivre. Nous prendrons donc la nationale, direction Toyota.

A l'approche de la celebre ville nous plantons la tente au bord d'une grande riviere. A cote de nous, un groupe de japonais pique nique eclaire par les phares de leurs voitures.

 


 

Lundi 27 Mai : Toyota - Bisai (63km)

 

Notre matinee est completement ininteressante, nous faisons le tour de Nagoya, une des plus grandes (et moches ?) villes du Japon.

 

Nous arrivons a Komaki a midi et appelons Laurent qui vient nous chercher sur le champ. Il nous invite dans un petit restaurant puis chez lui pour le dessert et nous discutons voyage, randonnee et Japon. Il nous montre son micro atelier de production de sacs a dos (une table et une machine a coudre) et ses realisations. Ces quelques heures passees avec Laurent sont tres agreables.

 

Nous repartons en fin d'apres-midi pour quelques kilometres jusqu'a la riviere Kiso. Le terrain de croquet installe sur les berges est parfait pour planter la tente.

 

 

Mardi 28 Mai : Bisai - Yunoyama (66km)

 

Le ciel s'est couvert cette nuit, et le vent souffle du sud. C'est par la que nous allons, la poisse. En plus la route le long de la riviere est etroite et pleine de gros camions.

A midi une petite averse est de mauvais augure. Nous nous dirigeons en plein vers la perturbation. Nous avons un dernier col a monter pour arriver dans la vallee d'Osaka et les montagnes sont completement recouvertes de nuages.

Pas d'autre choix que d'y aller sous une pluie qui s'intensifie au fur et a mesure que nous grimpons.

 

Nous finissons par jeter l'eponge (mauvaise idee) et plantons la tente dans une parc un peu bizzare car totalement vide. La pluie a fait sortir des bois une armee de sangsues qui rampent un peu partout a la recherche de nos mollets.

Un petit feu sous la pluie incesssante nous permet de cuire quelques pates. Il fait encore jour mais il vaut mieux se coucher.

 

 

Mercredi 29 Mai : Yunoyama - Osaka (50km)

 

Une pluie violente est tombee toute la nuit. Notre tente, un peu fatiguee il faut dire, s'est transformee en mare. Tout notre equipement est mouille. Nous prenons un gros petit dejeuner puis demontons la tente sous la pluie battante. Il est 7h du matin et nous sommes trempes.

 

Nous montons pendant plusieurs heures sous le deluge. Le debit de la riviere en contre bas est impressionant. Nous pouvons presque voir le col quand une voiture s'arrete a notre niveau. Deux types en cire jaune en sortent et nous expliquent qu'un effondrement de terrain barre la route et qu'il faut faire demi tour. Nous restons completement scotches par la nouvelle. L'un des deux va alors chercher une sorte de matraque lumineuse qui fait penser a un sabre laser pour enfant. Avec sa grande cape jaune, on dirait un mauvais remake. Va t-il me dire qu'il est mon pere ? Non il nous dit que "un effondrement de terrain barre la route et qu'il faut faire demi tour". Apres qu'ils aient explique ca dix fois nous finissons par en avoir assez et faisons demi tour, depites.

Nous avons eu notre compte pour la journee et nous decidons de prendre le train pour rentrer a Osaka.

 

Pour prendre le train avec un velo au Japon, il faut le recouvrir integralement. Nous faisons un tour au drug store pour essayer differentes options. Il semble que le mieux soit le sol de notre tente. Nous achetons un rouleau de scotch et prenons la direction de la gare. Nous prenons nos billets a la minuscule gare de Komono. Il n'y a aucun employe et la machine automatique ne veut pas prendre notre dernier billet. Nous demandons de l'aide a des japonais qui sortent d'un train. Ils contactent la gare centrale par interphone. Au moment ou l'agent comprend qu'on veut prendre un velo dans le train il ferme les barrieres automatiques qui permettent d'acceder au quai. C'est vraiment la poisse aujourd'hui.

Il ne nous reste qu'une derniere solution, 10 km de velo sous la pluie pour arriver a une plus grande ville et une plus grande gare.

Une heure sous la pluie et un immonde Mc Donald plus tard nous sommes a la gare de Yokkaichi. Pour mettre le plus de chances de notre cote, nous demontons le velo et l'emballons du mieux possible. Le paquet est tellement laid que nous sommes persuades de nous faire refouler. En France ils auraient appele le GIGN si on etait entre dans une gare avec un truc comme ca.

 

 


Il nous faut faire deux voyages a chaque fois pour porter les affaires : escalator puis jusqu'aux barrieres (comme dans le metro) puis ascenceur puis sur le quai, ca n'en finit pas. Dans ces deplacements, a un moment, la lumiere de l'arriere du velo s'allume et se met a clignoter rouge sous la bache. C'est surrealiste, personne ne prete attention a nous et nous nous retrouvons dans le train pour Osaka sans probleme.

Deux heures plus tard le squetche recommence. Nous debarquons a l'heure de pointe dans la principale gare d'Osaka, la deuxieme ville du pays,  avec un colis piege et personne ne nous voit. Quel drole de pays.

 

Jean Mi et son coloc Cyril nous accueillent avec quelques jours d'avance dans leur appartement avec vue sur le chateau d'Osaka. Apres une bonne douche, nous etendons nos affaires puantes et partons manger ensemble au restaurant. Un enorme pot au feu japonais arrose de biere fraiche est parfait pour oublier cette journee de galere.

 



11/06/2013
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