D\'un tour de roue

D\'un tour de roue

Good morning Iran : du 9 au 14 juillet - Dogubayazit - Tabriz (330km)

Ca fait deja un petit moment qu'on n'a pas donne de nouvelles. On a fini par atteindre la capitale iranienne apres un periple riche en emotions. La premiere etape nous enmenra de la frontiere jusqu'a Tabriz, ville principale de la province d'Azerbaijan (non, pas le pays Azerbaijan).

 

 

Lundi 9 Juillet : Dogubayazit - Maku

 

On est partis de Dogubayazit un peu sur les nerfs. Il semblerait qu'ils regroupent dans cette ville les gamins les plus affreux de Turquie. Alors qu'on essaie de mettre des infos sur le blog dans un cyber cafe des gamins commencent a jouer avec notre klaxon, puis sont pris d'une envie de montrer le velo a leurs amis. Heureusement, un velo de 65kg attache avec un bon gros cadenas c'est un peu difficile a emporter surtout quand on mesure un metre douze. Du coup on laisse tout en plan et on reprend la route.

Entre temps, on a recu des nouvelles de Darren, le canadien rencontre a Trabzon deux semaines plus tot. Il a fini par avoir son visa et compte passer la frontiere le meme jour que nous. Effectivemment on le retrouve lors de notre pause dejeuner et il se joint a nous. On fera la route ensemble jusqu’a Teheran, rejoins un peu plus tard par un quatrieme larron.

En repartant, a 10km de la frontiere commence une double file continue de poids lourds. Embargo oblige le passage de la frontiere pour les transports de marchandises n'est pas simple du tout. On discute de ca avec quelques chauffeurs a quelques metres de l’Iran. Ils mettent trois jours a passer la douane. Trois jours a attendre, dormir et manger.

Un autre effet de l'embargo qui nous concerne directement : les transferts d'argents vers les banques iraniennes sont bloques. Ce qui veut dire qu'il nous est impossible de retirer de l'argent a l'interieur du pays. On se promene donc avec un petit pactole en liquide cache dans nos sacoches, mais chuut on ne vous dira pas ou.


Pour nous le passage de la frontiere sera une simple formalite. On a le precieux sesame en poche. On se retrouve dans la salle pour le controle des bagages. Un type sans uniforme vient nous voir et nous annonce dans un mauvais anglais qu’il est le “custom officer”. Il nous dit rapidement qu’on peut entrer en Iran. Pas de probleme. 

 

 

Des la porte passee, un homme vient vers nous avec une liasse de billets a la main. C’est le bureau de change, autrement dit le marche noir. Il nous est vivement recommande par le soit disant “custom officer”. Il se trouve que le taux de change est bien plus interressant que le taux officiel. 1 Euro vaut officiellement 15000 rials, officieusement il s’echange a 1 pour 23000. On compte et recompte nos millions avant de reprendre la route.

 

La route descend dans un paysage de canyons assez arides. On finit par atteindre Maku, premiere grande ville sur notre trajet. On achete des provisions puis repart en quete d’un coin pour camper. Le troisieme arret sera le bon. On se retrouve dans un parc ou on demande pour planter la tente. Le responsable nous conduit dans une petite barraque composee de 2 pieces. A gauche une grande piece au sol couvert de tapis moyennement propres, ce sera notre chambre cette nuit. A droite un poulailler empli de volailles a moitie folles qui deviennent hysteriques si on eteint la lumiere.

 


Mardi 10 juillet : Maku - Margan

 

Le lendemain on tente un chemin de traverse vers la ville de Shot. On est aborde par un type assez louche qui se dit officier de police, sans uniforme evidemment. Il fait semblant de nous montrer sa carte et nous invite a manger. On est plus que sceptiques. On laisse partir le mec qui insiste quand meme lourdement.

Arrives en ville c’est presque l’emeute. On se retrouve entoures d’une vingtaine de personnes qui souhaitent savoir d’ou on vient, ou l’on va. On se fait offrir des boissons. En partant acheter de l’eau, Darren se fait aborder par Yussef, prof d’anglais retraite qui nous invite a manger. Il nous conduit en mobylette a un bosquet de peupliers a l’exterieur de la ville. Il dit avoir peur du gouvernement et ne peut du coup pas nous inviter chez lui. Il repart pour aller chercher sa petite famille et le repas. Il revient donc une heure plus tard avec sa femme et son plus jeune fils. Ils installent une nappe a l’ombre des arbres et sortent de leur musette boissons, kebabs, melon, vaisselle et the. Yussef recite une poesie de Hafez Shirazi, un poete iranien, puis nous commencons le repas. Leur compagnie est vraiment adorable, ce sont des gens extrement doux et agreables. Nous profitons de leur presence pour enrichir notre micro dictionnaire de farsi (perse). Le repas s’acheve sur cette belle citation de Yussef : “You are my best gests today”

 


La population iranienne est composee principalement de Perses (50%) et comporte egalement une importante proportion de Turcs (30%) qui se situent dans la region Nord-ouest du pays, l'Azerbaijan. Nous sommes donc dans la partie turque de l’Iran. Le probleme est que leur langage est suffisamment different du turc de Turquie pour que nos maigres competences de turc ne nous servent pas a grand chose.

 

Apres manger, la petite famille nous reconduit a la route principale ou nous roulons une vingtaine de kilometres avant de planter la tente derriere une ruine.

 


Mercredi 11 juillet : Margan – Ev Ohgli

 

A midi on atteind la ville de Qara Zi Eddin ou l’on souhaite se reapprovisionner. A la sortie de la boulangerie on cherche un cyber café. Comme d’habitude il y a un petit rassemblement autour des velos, un mec sorti d’un des bureaux voisins nous propose d’utiliser son ordinateur. Nous nous trouvons donc installes a tour de role dans son siege pour aller sur internet pendant qu’il nous offre du the. Un jeune entre dans le bureau et nous invite a participer a son cours d’anglais. On finit par le suivre jusqu’a une petite ecole ou on est accueillis par Mohsen, le professeur. Il est midi et la classe vient de finir, les etudiants reviennent a 17h. Mohsen nous informe qu’il a une maison a Tabriz et nous dit qu’on y est les bienvenus. Il nous donne ses coordonnes puis part en nous laissant seuls dans l’ecole. On mange puis profite des sanitaires et de la douche pour ameliorer un peu notre odeur et diminuer notre stock de linge sale.

On repart assez tard et roule jusqu’au coucher du soleil. On plante la tente et deguste de la pasteque pendant que la nuit tombe.

 


Jeudi 12 juillet : Ev Ohgli - Payam

Pas trop d’ombre et un soleil de plomb. On arrive a se refugier sous la route pour pique niquer a l’ombre et faire notre traditionnelle sieste du midi. Nous sommes berces par le passage des rouleaux compresseurs qui sont en train de preparer un elargissement de la route.

Lors du passage dans une ville, on laisse Darren discuter avec des gens et on continue la route. Un velo s’approche de nous, ce n’est pas notre Canadien, c’est Akbar. Il nous tend 2 canettes de jus de fruits bien fraiches et nous dit qu’il a un ami qui a un restaurant plus loin sur la route. Il nous propose d’y passer la nuit. Ca colle avec ce qu’on pensait faire aujourd’hui donc on accepte. Il reste avec nous pour la fin de la journee. Il reste 20km de route pour atteindre le coin prevu. De temps en temps il nous depasse, s’arrete dans un magasin et revient nous reapprovisionner en jus de fruits.

Akbar est un collectionneur, il porte sur lui un album photo rempli de photos de cyclotouristes qu’il a croise et amene chez son ami ces dernieres annees. La veille il a vu passer un autre francais qui prend comme nous la direction de Tabriz. Il y a des dizaines de cyclotouristes qui passent sur cette route tous les ans et qui suivent la route de la soie pour la plupart.

 

Atteindre le restaurant aura ete moins facile que prevu, 20km deviennent 30km et la route n’en finit pas de monter. Ca fait bien longtemps que la nuit est tombee et qu’on roule sur la bande d’arret d’urgence de la 2 fois 2 voies quand on atteint enfin le restaurant.


 

Akbar nous installe dans le salon de jardin, assis sur des petites plateformes recouvertes de tapis. Puis nous amene un plat empli de kebabs, pain, oignons crus, piments et tomates grillees, le tout accompagne de doogh, un yaourt a boire fermente. On deguste le repas, assis en tailleur en reposant nos jambes fatiguees. Ca valait le coup de venir jusque la.

 


Vendredi 13 : Payam - Tabriz

 

 

La route qui nous conduit a Tabriz est une grosse 2 fois 2 voies qu’il nous faut malheureusement partager avec une multitude de vehicules iraniens.

Il y a les fameuses Paykan, de fabrication iranienne, leur production s'est arretee il y a plus de 10 ans mais elles representent encore presque la moitie des vehicules roulants. Comme vendredi est le week end bon nombre d’iraniens chargent leur Paykan de tapis, samovar, the, kebab etc et vont picniquer a l’exterieur de la ville. Les camions ne sont pas en reste au niveau pollution, les 2/3 sont en effet de vieux camions des annees 60 (Mercedes ou Americains) qui crachent une immonde fumee noire.

 

On s’arrete pour souffler et manger aux portes de Tabriz. En debut d’apres midi on se met en quete d’un telephone pour contacter Mohsen chez qui on compte loger. Alors qu’on approche de la ville, une voiture stoppe et en sort un enorme rugbyman. 2 ou 3eme ligne, il joue dans l’equipe nationale iranienne. On le croit sur parole, les oreilles ne mentent jamais. Il  nous offre des boissons et nous prete son telephone. On prend rendez vous avec des amis de Mohsen (qui ne peut pas venir). Deux heures plus tard après avoir traverse toute la ville en suivant la voiture, on se retrouve chez Akbar et Reza. Ils hebergent egalement leur ami Mohammed.


Tous trois sont etudiants en master ou en these. Nous passons chez eux 2 jours a discuter et visiter la ville de Tabriz. Nous decouvrons le musee d’Azerbaijan, la mosquee bleue, le bazar et profitons d’etre la pour trouver une carte Iranienne et une carte SIM pour notre telephone.

    La cour de la mosquee bleue      

 

La prochaine etape de notre voyage nous conduira a la capitale de cet horrible pays, Tehran.



26/07/2012
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