D\'un tour de roue

Khor Fakkan (Emirats Arabes Unis) – Port Kelang (Malaisie)

C’est ici que nous quittons le Moyen Orient pour partir en Asie. Nous embarquons dans un gigantesque porte container de la compagnie CMA CGM qui va nous permettre, en 10 jours, d’atteindre la Malaisie. Une manière pour nous de rester dans l’esprit de notre voyage, d’autre part ca va nous permettre de faire un break et de nous reposer.

Le bateau est plutôt, comment dire, gros. Il fait 350m de long sur 40m de large et emporte 10 000 containers en même temps, soit plus de 100 000 tonnes de marchandise. Nous ne sommes pas les seuls à monter a bord. Lors de l’escale, les dockers doivent décharger une bonne partie des boites. Certaines d’entre elles resteront sur place, les autres seront rechargées en compagnie de nouvelles ; en tout les dockers bougeront 4200 containers en 48h.

Le bateau est parti de Marseille (Fos sur mer pour être précis), a traverse la Méditerranée, le canal de Suez et part en direction de l’Asie. Il finira son voyage aller en Chine et reviendra par la même route.

Sur son trajet, le bateau transporte de tout : des baignoires et lavabos pour les immeubles en construction de Dubaï, des habits, de l'électronique, des machines outils pour les usines chinoises, du minerai, de la bouffe, des roches pour l'Europe, des voitures de luxe pour les Emiratis, des containers vides, etc.

Nous sommes accueillis à bord par le commandant qui nous fait visiter rapidement puis nous installe dans une cabine provisoire, la notre étant occupée par deux passagers qui débarquent le lendemain.

Apres une première nuit sur le bateau, nous faisons la connaissance de nos collègues. Nous allons voyager en compagnie de :

- Anne : bourgeoise d’Antibes qui a réussi à se mettre tout le monde a dos en une semaine et ne tardera pas à nous devenir franchement désagréable.

- Edmond : professeur de français a l’approche de la retraite, il se dirige vers le Japon, pays qu’il connait très bien. Nous partageons un peu mais Edmond est timide et solitaire.

- Yves et Christine : infirmiers a la retraite ils font le trajet aller retour avec le bateau. Yves fait beaucoup de blagues qui font beaucoup rire Christine.

Nous larguons les amarres le 21 septembre à midi. 2 remorqueurs viennent tantôt tirer tantôt pousser le bateau pour le faire sortir de sa place de parking tandis qu’un pilote du port monte a bord pour prendre en charge la manœuvre de sortie.

Avant d’atteindre la haute mer il nous faudra slalomer entre les centaines de bateau qui attendent à l’ancre de prendre leur place au port ou de rentrer dans le golfe Persique.

Une fois le bateau en marche il n’y a plus qu’à mettre le pilote automatique qui va gentiment suivre la route prévue et à régler la vitesse. 2 officiers restent en permanence à la passerelle de pilotage pour surveiller que tout va bien, le reste de l’équipage s’occupe du bon fonctionnement du moteur et de l’entretien du bateau. La routine s’installe.

Nous découvrons le fonctionnement de ce géant des mers, en visitant notamment la salle des machines. Située au fond de la coque à l’arrière du bateau, elle contient entre autres une centrale de désalinisation d’eau, 6 énormes groupes électrogènes (le commandant nous dit qu’il pourrait alimenter Toulouse en électricité) ainsi que le moteur du bateau. Celui-ci est grand comme une église, compose de 12 cylindres faisant chacun un mètre de diamètre, il entraine l’arbre et l’hélice de 9 mètres de diamètre. Un monstre.

En plus des passagers nous passons du temps avec quelques uns des gens de l’équipage, le commandant, le chef mécanicien, quelques uns des officiers et Walter, le maitre d’hôtel. Le personnel du bateau est très sympathique et tout le monde est aux petits soins avec nous.

Nous profitons des commodités de notre cabine, propre et climatisée, avec salle de bain privative, et trois repas copieux par jour. Nous rattrapons notre retard et faisons le plein de baguette fraiche, vins et fromages, croissants et bons petits plats français concoctes par le cuisinier. Pour éliminer tout ca et pour garder la forme on a accès à la salle de sport du bateau.

Nous avons également accès à une solide bibliothèque, DVD thèque et une piscine remplie tous les jours… d’eau de mer.

Nous avons également la possibilité de faire l’entretien du vélo, nettoyage de la transmission et réparation de la béquille. Malgré sa robustesse, 2 soudures ont finit par lâcher sur le tube du bas, il faut dire qu’il a pris quelques rochers. Le chef mécanicien prend la pièce et fait remplacer le tube abime par un tube neuf et plus épais en acier galvanise, ca devrait le faire.

Le bateau dispose de tout le matériel imaginable pour faire des réparations, c’est vraiment une étape qui tombe pile au bon moment. 

La petite surprise au moment du départ (qui n’en est pas totalement une) c’est que nous sommes sur le territoire des pirates.

Notre route traverse l’Océan Indien, non loin de la Somalie et le risque d’attaque par des pirates existe. Pour nous il est nul, la coque du bateau monte a 12 m au dessus de la surface de l’eau et nous avançons a 15 nœuds, les pirates n’ont attaque que des bateaux beaucoup plus petits et plus lents. Mais il y a quand même des mesures de sécurité, tant que nous sommes dans la zone « a risques » il nous faut demander l’autorisation pour sortir et prendre avec nous un talkie walkie.

Au bout de 9 jours en mer sans incident nous approchons du détroit de Malaka. Nous n’aurons pas vu de baleine ou de dauphin, seulement quelques poissons volants. Nous passons au large de l’ile de Weh au nord de Sumatra ou nous avons prévu d’aller dans 3 semaines faire de la plongée.

Il est temps pour nous de faire nos sacs. Nous en profitons pour changer le rétroviseur du vélo de cote. Il va nous falloir rouler à gauche.

Débarquement prévu dimanche 30. A nous l’Asie.